Porno & éducation sexuelle, plaidoyer pour un dialogue

J’ai écrit ce texte pour une conférence que j’ai donnée le 31 mai 2023 au musée Cap Sciences à Bordeaux, sur l’invitation de l’association Nouveaux Cycles pour leur soirée “Vulvaventure, quand le porno s’en mêle”.

Bon, rentrons direct dans le vif du sujet… C’est quoi être un bon coup ?

Qui ne s’est JAMAIS posé cette question ?

Moi, en tout cas, je me la suis posée. Et c’est cette question, c’est mon besoin de m’éduquer sur le sexe, qui m’ont poussée à consulter du porno gratuit sur Internet pour la première fois à 19 ans. Dans ce porno mainstream, j’ai vu des gorges profondes, des levrettes énervées. Et j’en suis ressortie avec des complexes supplémentaires sur mon corps (pas assez de seins, de fesses) et des anxiétés de performance toutes neuves. Je me sentais bien incapable de sucer comme ça, de baiser à ce rythme-là…

Vingt ans sont passés depuis mes 19 ans… J’ai eu de longues histoires d’amour, des amants de passage, j’ai fait du porno avec mon corps, et j’ai dirigé des performers de X devant mes caméras. J’ai développé une opinion, qui n’engage que moi, sur ce que c’est que d’être un bon coup.

Mon opinion c’est que ça repose sur quatre choses :

  • 1/ premier ingrédient du bon coup, le consentement.

    (Et je ne dis pas le consentement, bien sûr, ou le consentement, évidemment, parce que le consentement n’est toujours pas une évidence aujourd’hui.) Le consentement, donc, parce que personne, homme, femme, n’a envie d’être traumatisé.e par ce qui était censé être un moment de plaisir, de jeu… d’échange.

  • 2/ deuxième ingrédient du bon coup, l’alchimie corporelle entre les partenaires.

    Parfois on n’y peut rien, on trouve la personne géniale, mais physiquement ça le fait pas, on aime pas le goût, l’odeur de l’autre.

  • 3/ troisième ingrédient du bon coup, la curiosité :

    le fait d’explorer la sexualité en s’éduquant, en lisant, en regardant des films, des documentaires… d’aller chercher des idées dans des petits manuels comme Jouissance Club, ou sur les réseaux sociaux… et puis ensuite de pratiquer seul.e en se concentrant sur ses sensations (et pas sur un écran !) pour découvrir ce qu’on aime ou pas

  • 4/ quatrième ingrédient du bon coup, la communication :

    le fait de pouvoir se parler de ce qu’on aime, et de ce qu’on n’aime pas, avant, pendant et après le sexe, de savoir affirmer nos goûts et accueillir les préférences des autres

Est-ce que ce sont des choses qu’on voit beaucoup dans le porno accessible gratuitement ?

Non.

Dans le porno accessible gratuitement en ligne on voit plein de choses, mais ce sont trop souvent des contenus violents et sexistes.

Les chiffres sont les suivants : sur un site de type PornHub, YouPorn etc, 88% des scènes montrent une forme de violence physique (fessée, gifle, baîllon)… Et dans 95% de ces scènes de violences, ce sont les femmes qui sont agressées.

Donc… on se retrouve dans une configuration où :

-  le porno est massivement consommé : si on additionne YouPorn, PornHub, XHamster et Xvideos il y a 350 MILLIARDS de vidéos X visionnées par an !

- et où les personnes de tous âges, majeures, mineures, en recherche d’informations sexuelles se retrouvent confrontées à des représentations du sexe qui sont violentes et discriminantes vis à vis des femmes, mais aussi des personnes racisées, des personnes grosses, des personnes handicapées etc.

Là, mon intervention pourrait prendre un tournant « classique » ; rejoindre le discours dominant en France, et réclamer l’abolition ou la censure du porno.

Je vais vous parler un peu de ce discours dominant parce qu’on baigne tellement dedans, qu’on ne le questionne même plus.

Ces derniers jours justement, ça a été particulièrement notable, puisqu’est sortie l’étude Médiamétrie de l’Arcom qui nous annonce qu’un mineur sur trois regarde du porno au moins une fois par mois, et que la durée d’exposition au contenu porno est d’un peu plus de 50 minutes. Ce sont des chiffres à peine + faibles que chez les adultes. J’ai écouté France Culture cette semaine qui abordait le sujet, et le journaliste utilisait des termes sensationnalistes que j’ai trouvé très étonnants pour cette radio : « inquiétant », « impressionnant », « conséquences désastreuses »… Idem dans la presse écrite, Libé a titré : « Un tiers des mineurs accro au porno sur Internet ». En un titre, on est passé d’une consultation en ligne régulière à une addiction, qui est rappelons-le un diagnostic médical,. On constate un glissement de langage, que je qualifierais de sensationnaliste et catastrophiste.

Rembobinons un peu.

Avant cette semaine, la dernière fois que le porno a saturé l’espace médiatique c’est fin septembre 2022, lors de la sortie du rapport du Sénat sur la pornographie en ligne. Ce rapport, il est intitulé de façon très sobre… « L’enfer du décor », et il liste 23 recommandations visant notamment à lutter contre la « marchandisation des corps » — là aussi on a un glissement de langage important, on ne parle pas de travail du sexe mais de marchandisation des corps… Mais ça ne s’arrête pas là. Le rapport demande si on peut « continuer à tolérer l’existence d’une industrie qui génère de telles violences et maltraitances envers les femmes ».

Si je rembobine encore un peu, le porno était encore au centre des débats moins d’un an auparavant, lors de l’affaire Pascal OP. En décembre 2021, le journal Le Monde a consacré une grande enquête parue en 4 volets au réalisateur et producteur du site porno French Bukkake. On avait découvert un réseau criminel avec rabatteur, viols, séquestration. Plusieurs personnes, dont Pascal OP et ses acteurs, ont été mises en examen à cette époque là pour viols, proxénétisme, traite des êtres humains. Et le Monde écrit dans son dossier que l’affaire Pascal OP « pourrait sortir pour la première fois la pornographie du flou juridique qui l’entoure en envisageant de la traiter comme du proxénétisme ».

Donc le journal Le Monde avance au calme et sans plus de commentaire qu’on envisagerait de traiter la pornographie comme un délit puni de 7 ans d’emprisonnement.

Ce serait effectivement malin de créer une toute nouvelle catégorie de criminel.le.s et de les priver de liberté, quand on sait que les chiffres de la surpopulation carcérale ne cessent de grimper (au 1er avril on avait un taux d’occupation de 142% en maison d’arrêt), et que les Nations Unies viennent le 1er mai dernier d’enjoindre la France à « mettre fin à la surpopulation carcérale, aux conditions de détention déplorables et aux violations des droits des détenus »…

Vous l’aurez compris je ne crois pas à la criminalisation.

Je ne crois pas à la prohibition.

Et je ne crois pas non plus à la censure.

Et cela, pour plusieurs raisons.

La première raison, c’est ce que cela dirait de notre société :

Comment assumer en 2023 de censurer si largement la représentation de la sexualité ?

La sexualité est une expérience humaine commune, qui est au centre de nos vies, et qui participe de notre santé, selon la définition de l’OMS, que je cite : « La santé sexuelle est fondamentale pour la santé et le bien-être général des personnes »

Je pose la question : quelle société serait la nôtre, si dépenser des dizaines de milliards de dollars pour représenter la violence sous toutes ses formes, que ce soit en films de guerre, d’apocalypse et autres blockbusters… restait un impensé, et même une industrie florissante… mais que capter à l’image des sexes désirants, diffuser des images de rapports sexuels, devenait un délit ? Je suis tombée sur cette belle prise de parole de Michel Serres qui s’interrogeait sur France Info : si on veut condamner le porno pour la violence… que fait-on de la violence elle même, qui est partout dans les médias ? Pour lui, en interdisant le porno, on se revendique comme une société qui préfère la violence plutôt que le sexe. La mort plutôt que l’amour.

D’autant plus que la violence, et plus largement la culture du viol, imprègnent toute notre culture — et pas seulement le X !

La culture du viol est omniprésente dans ce que nous les pornographes appelons le “cinéma traditionnel”… De Star Wars à À bout de souffle, du Dernier tango à Paris à Blanche Neige, de Parle avec elle à Love Actually : baisers volés, harcèlement pendant 90 minutes de film jusqu’à ce qu’elle cède, cailloux jetés aux fenêtres en pleine nuit, enlèvement… c’est ça, les images de la romance et de l’érotisme hétérosexuels au cinéma, à la télé ! J’ai beau être rodée, je reste bouche bée devant le nombre de films très grand public (et de séries, et de livres…) qui érotisent le fait d’outrepasser les limites des femmes.

On peut arguer que le porno doit être aboli parce qu’il y a eu des affaires criminelles, telles que l’affaire Pascal OP. Mais criminaliser la pornographie pour punir les crimes sexuels qui s’y déroulent reviendrait à rendre répréhensible un domaine d’activité dans son ensemble.

On n’a pas proposé de criminaliser toute l’industrie du cinéma lorsqu’ont été révélés les agissements de Harvey Weinstein !!

Ni de pénaliser les massages, quand on a découvert avec effroi le réseau d’exploitation sexuelle de mineures monté par Jeffrey Epstein et Ghislaine Maxwell. Le mouvement #MeToo a démontré qu’il n’y a pas un secteur d’activité qui ne soit pas touché par les violences sexistes et sexuelles…

Alors, pour punir les agissements criminels qui ont lieu dans le porno, le cinéma, les massages, il existe déjà des lois. Des lois contre l’exploitation des êtres humains, des lois contre le viol. Appliquons-les pour commencer ?

La seconde raison : il n’y a pas de consensus scientifique sur le fait que la représentation de la violence dans les contenus pornographiques ait un impact sur les violences sexistes et sexuelles.

Le lien de causalité entre la consommation de pornographie et la violence sexuelle peut être direct dans les études … mais il s’établit dans deux directions opposées :

  • certaines analyses concluent qu’une personne qui consomme du porno sera plus encline à banaliser ou à commettre des actes de violence sexuelle*

  • d’autres analyses notent que si la disponibilité de la pornographie a explosé, le viol a lui diminué de 85% depuis les années 80, et concluent même que l’accessibilité à la pornographie tend à réduire ces actes.** Peggy Sastre propose un récap de ces études dans cet article publié par Slate. Elle cite le psychologue Christopher J.Ferguson et le criminologue Richard D.Hartley qui constataient en 2009 que : « Les preuves d'une relation causale entre l'exposition à la pornographie et les agressions sexuelles sont minces et ont pu, parfois, être exagérées par des politiciens, des groupes de pression et certains chercheurs en sciences sociales. Le débat a pu se focaliser sur la pornographie violente, mais les faits permettant d'attester du moindre effet négatif sont inconséquents. » Selon eux, les statistiques sur les violences sexuelles aux États-Unis et dans d'autres pays comme le Danemark, la République tchèque, le Japon, la Suède, l'Allemagne ou la Chine « démontrent une corrélation inverse entre taux de viols et consommation de pornographie ».

  • D’autres chercheurs et universitaires encore concluent l’absence de tout lien de causalité entre la consommation de pornographie et la violence sexuelle***

  • Et encore d’autres auteurs disent que les effets néfastes de la pornographie peuvent être de courte durée****

  • Enfin, une dernière catégorie d’études a démontré que la consommation de pornographie ajouterait au risque d’agression sexuelle seulement pour les hommes déjà prédisposés à être sexuellement agressifs*****.

Bref… Pas de consensus.

En revanche, il existe plutôt un consensus sur le fait que c’est la norme masculine, centrée sur la conquête, la pénétration, l’appropriation de l’autre, le virilisme qui est le terreau les violences sexistes et sexuelles.

La troisième raison : censurer le porno en ligne est infaisable techniquement

Un blocage DNS, comme ce qu’avait préconisé le CSA, est déjouable juste avec une appli du type DNS Jumper sur ordinateur, ou DNS Changer sur smartphone… Ou bien encore plus facile en installant un VPN… Des manips qui sont un jeu d’enfant pour les digital natives, vous vous en doutez bien.

La quatrième raison: cette censure est déjà mise en place et se révèle contre productive !!

Sur de nombreux réseaux sociaux, comme ceux du groupe Meta, il y a déjà une censure très poussée de tout contenu « pornographique ». Mais les études montrent que  « pornographique » est une catégorie de modération à la fois très vague, et qui cible surtout les corps des femmes. Exemple connu : les tétons féminins, censurés sur Insta, mais pas les tétons masculins.  Il est prouvé que cette censure n’est pas un outil efficace contre les violences sexistes et sexuelles… Mais en plus, cette censure rend plus difficile la circulation des contenus féministes d’éducation aux sexualités et les contenus féministes de prévention des comportements sexistes…

Je peux en témoigner : toutes les féministes qui parlent de sexualité sur les réseaux sociaux se sont déjà vu bloquer, voire supprimer leur compte…

Le sociologue Florian Vörös, qui étudie le porno dans un cadre universitaire depuis des années, et que je vous recommande de suivre sur Twitter notamment, s’est entretenu avec trois chercheurs du MIT, spécialistes des médias numériques. Selon eux, je les cite : « la marginalisation de toute expression sexuelle sur les réseaux socio-numériques témoigne d’une profonde dévalorisation de la sexualité. La sexualité est non seulement considérée comme risquée et offensante mais, plus fondamentalement, comme sans valeur. C’est ainsi que la sexualité est de plus en plus exclue des réseaux socio-numériques. Nous pensons qu’il s’agit là d’une tendance à laquelle il faut résister. » fin de la citation.

Considérer la sexualité comme risquée, ou sans valeur, voilà justement le terreau des violences sexistes et sexuelles !

C’est la philosophe féministe Manon Garcia, dont je vous recommande aussi le travail, qui explique pourquoi ; dans son ouvrage consacré au consentement : La conversation des sexes. Dedans, elle rapporte que : « Des études sociologiques montrent que la conception de la sexualité comme quelque chose d’intime, de privé, de possiblement dangereux ou honteux a pour conséquence que les gens ont tendance à peu s’interroger sur leurs ’’projets sexuels’’ et sur leurs désirs et plaisirs, ce qui contribue à une forme d’obscurité à soi qui rend le consentement difficile.  »

Pour ces raisons, je suis convaincue qu’une conversation publique, ouverte, sur le sexe et sa représentation est nécessaire pour nous aider à accéder à une sexualité débarrassée des violences, saine, et égalitaire.

Plonger le porno dans le silence et la honte est contre-productif. Plutôt que l’interdiction, je crois à l’éducation.

Mon combat depuis 2016, c’est de proposer des contenus pornographiques qui proposent une culture positive, respectueuse de la sexualité.

Je veux qu’on puisse regarder des scènes de sexe non simulé sans éprouver de honte. On n’éprouvera pas de honte parce que ces contenus pornographiques vont être en accord avec nos valeurs, à la fois dans ce qu’ils nous donnent à voir, et dans la façon dont ils sont produits.

Je compare souvent le porno mainstream à la nourriture industrielle.

N’importe qui aime les animaux ne peut pas ou ne veut pas savoir comment on été élevés les poulets ou les cochons qu’il ou elles consomme dans les fast foods ou la grande distribution. Parce que ça génère de la culpabilité, de la honte, une dissonance cognitive.

Quand on achète bio, élevé en plein air, en circuit court, on se permet de mettre nos valeurs en accord avec ce qu’on consomme. En faisant ce geste engagé, on transforme notre honte en fierté.

C’est pareil avec le porno. En sélectionnant des contenus sexuellement explicites qui correspondent à nos valeurs : par exemple la non violence, le consentement, l’égalité entre les êtres humains quels que soient leur sexe, leur couleur de peau, leur situation de handicap ou non… on s’affranchit de la honte.

Il y a une autre dimension de la honte qui m’importe aussi : je trouve crucial que les contenus pornographiques qu’on regarde ne nous inspirent pas une honte de notre corps, de la taille de nos seins, de nos pénis… Une honte de ne pas être capable d’actes physiquement extrêmes. J’ai moi même longtemps porté cette honte, de jouir plus facilement par frottements de la vulve que par pénétration. Pourtant c’est le cas de 80% des femmes !!! Nous sommes 80% à ne pas pouvoir jouir avec uniquement une pénétration…  Mais comment aurais-je pu le savoir ? Dans le milieu du porno, une scène n’est considérée comme une scène de sexe que si un vagin ou un anus est pénétré !! La pénétration est tellement LA star du X qu’on la multiplie : double pénétration, triple pénétration, double anale couplée à une double vaginale…

Et le clitoris ? Où sont les vidéos de triples cuni par exemple ?

Je crois qu’il est possible de produire du feel good porn.

C’est à dire du porno qui nous fait nous sentir bien pendant qu’on le visionne, et après l’avoir visionné. Du porno qu’on peut assumer d’avoir consommé, vis à vis des autres et de nous même. Du porno qu’on peut même être fier.e d’avoir vu et qu’on a envie de partager avec des ami.e.s intimes, ces ami.e.s avec qui on parle de sexe, parce qu’on y a appris un truc super sur la sexualité. Du porno éducatif.

Oui, du porno éducatif !

Je veux vous raconter une anecdote sur comment le porno a pu être éducatif pour moi. Je ne parle pas du porno mainstream que je regardais à 19 ans et dont je vous parlais au début de cette intervention. Mais de porno engagé. Alternatif.

En 2016, à 33 ans, j’ai découvert la féministe américaine Annie Sprinkle, travailleuse du sexe, pornographe, qui écrit cette phrase : «  La réponse au mauvais porno n'est pas : pas de porno, mais de faire du meilleur porno ! »

Moi qui réalise déjà des clips, je décide de me lancer, et de contribuer à faire du meilleur porno !

Je commence par TOURNER, avec mon corps, dans un porno. Pour deux raisons.

Primo, parce que si je veux montrer que le sexe n’est pas quelque chose de honteux, autant que je joigne le geste à la parole ! Je ne vais pas rester derrière la caméra et dire aux autres : passez devant, y a pas de honte !!

Et deuxio, parce que je veux comprendre ce que ça fait d’avoir un rapport sexuel devant une caméra, pour pouvoir mieux diriger les acteurs et actrices de X avec qui je vais bosser.

Je choisis de tourner ma première scène porno avec une réalisatrice berlinoise, Lucie. Lucie m’invite à rencontrer mon co-performer en amont de la scène… On va l’appeler Siegfried. Donc une semaine avant, on est chez elle, on boit un thé tous les trois, et là, Siegfried me demande : 

« alors… 

c’est quoi tes limites ? » 

Moi… à ce moment-là de ma vie… J’en ai AUCUNE IDÉE !

En rentrant chez moi après notre rendez-vous, je réalise qu’à 33 ans… je n’ai jamais réfléchi posément à ce que j’aimais, et surtout : à ce que je n’aimais pas dans le sexe. Comme tout le monde, j’ai beaucoup + réfléchi à comment être un bon coup !! 

Première leçon d’éducation sexuelle que me donne le porno alternatif : c’est important de se connaître, de s’écouter et de pouvoir verbaliser ses OUI, et ses NON, ses limites et ses préférences.

Quelques mois passent... Et je réalise enfin un court métrage pornographique. Je suis pleine d'idéaux, je veux faire du porno éthique… un porno où tout est discuté et consenti… je serai mon actrice principale. Et mon co-performer sera de nouveau « Siegfried ». 

Je mets en scène un fantasme de longue date… je suis sur ma grosse moto, je conduis au lever du jour, quand soudain… je vois : un moto stopper ! Je m’arrête. On… sympathise. À tel point qu’il enlève tous ses vêtements, et qu’il monte derrière moi… Tout nu !  Et puis, vous voyez, quoi. 

Pour cette scène, on se lève à 3h du matin. On veut tourner dans des rues désertes, pour ne pas exposer Siegfried aux regards. Mais les soucis techniques se succèdent, et le temps qu’on arrive au moment où Siegfried monte derrière moi à poil… il est 7h, et il commence à y avoir pas mal de trafic. On tourne, on boucle le film, tout va bien !

Enfin… C’est ce que je crois. Un an plus tard, le film est sorti, passé en festival… je recontacte Siegfried pour lui proposer un nouveau projet. Et là… il me répond que : NON. Il ne retravaillera jamais avec : "moi". Il me dit que son consentement n’a pas été respecté lors de la scène à moto. Qu’il était OK pour tourner nu dans les rues... Mais sans trop de monde autour.

Wow… C’est vrai. Il me l’avait dit… Mais quand on s’est retrouvés entourés de voitures… je me suis dit que… s’il ne disait rien, c’est que c’était ok ! Et puis j’étais surtout focus sur l’objectif de mettre la scène dans la boîte.

Deuxième leçon que me donne le porno alternatif : j’étais en position de décideuse en tant que réalisatrice. C’était de ma responsabilité d’aller demander régulièrement à Siegfried comment il se sentait… si la situation était OK pour lui… De vérifier régulièrement qu’il consentait toujours à ce qu’il se passait.

En l’espace de quelques mois dans le courant de l’été 2016, j’en ai appris plus aux côtés de travailleurs du sexe sur le sexe et le consentement, qu’en 33 ans de vie, plusieurs dizaines de partenaires, et une bibliothèque bien fournie en livres sur la sexualité.

J’ai voulu être passeuse de ce que j’avais appris. Transmettre. Et c’est pour ça que tout mon travail de production pornographique se veut éducatif.

Que ce soit dans mes films, mes podcasts, mes livres, je propose une éducation sexuelle destinée aux adultes ; les partenaires sexuels se parlent avant, pendant, après le sexe, s’assurent de leur consentement respectif… Je montre des pratiques sexuelles qu’on ne voit pas assez dans le porno mainstream et que j’appelle clitocentrées, qui passent beaucoup par la simulation externe de la vulve… Je montre des vrais cunis, je montre des rapports qui n’aboutissent pas à l’orgasme et qui sont quand même très jouissifs et satisfaisants…

Et ce n’est pas parce que c’est éducatif, que ça ne peut pas apporter une excitation sexuelle !

Le podcast voxxx.org que j’ai co-fondé avec Lélé O et Antoine Bertin, propose plus de 200 épisodes, afin qu’il y en ait pour tous les goûts… le consentement est toujours le fil rouge du podcast… On a + de 25 millions d’écoutes !!! Et on reçoit plein de témoignages qui prouvent qu’ils et elles écoutent le podcast avant tout pour trouver une source d’excitation sexuelle.


J’ai eu la chance de bénéficier d’une exposition médiatique en France, qui m’a permis de défendre mon approche, et de clamer haut et fort dans l’espace public qu’une autre façon, plus responsable, plus sensible, plus égalitaire, de représenter le sexe est possible.

Un jour, j’étais invitée sur France Inter, au Débat de midi. L’autre invitée était une féministe défendant une position abolitionniste du porno.

Quand j’ai raconté ma démarche elle m’a rétorqué : « le porno c’est du viol tarifé ». Et « vous êtes l’arbre qui cache la forêt ».

Du viol tarifé. À l’époque, la violence de l’expression m’a cloué le bec ! Donc quand j’étais performer, j’ai été violée, sans le savoir. Ce glissement de langage qui assimile le porno au viol est pour moi particulièrement difficile à entendre, parce qu’il retire leur agentivité aux actrices porno… Les infantilise. Selon moi, quand on dit qu’une femme ne peut pas décider pour elle même, on a un discours qui est plus proche du paternalisme que du féminisme…

Le deuxième argument qu’elle soulève pour interdire le porno mérite plus qu’on s’y attarde, je trouve. Quand elle me reproche d’être l’arbre qui cache la forêt, elle signifie que quand on donne de la visibilité médiatique à quelqu’un comme moi ; ça fait croire que le porno peut être vertueux… Alors que dans les faits, nous, les productrices de porno alternatif féministe éthique sommes ultra minoritaires.

C’est vrai. Moi, Ovidie dans le temps, Erika Lust encore aujourd’hui, sommes ultra minoritaires par rapport aux 350 milliards de vidéos annuelles des sites mainstream !

Mais notre existence et les soutiens que nous recevons, l’écoute dont nous bénéficions comme ce soir, rappellent deux choses importantes :

  • 1/ il existe des représentations du sexe vertueuses, égalitaires

  • 2/ quand on nous donne une tribune, nous avons des propositions concrètes pour changer l’industrie du porno,

Voici les miennes.

Je suis convaincue que les diffuseurs français de porno ont le pouvoir de changer leur industrie.

Canal + a réussi à imposer le port du préservatif dans le X français en décidant de ne plus acheter et diffuser que des films où les rapports sexuels filmés étaient protégés. C’est donc possible !

Maintenant, il est temps d’aller plus loin.

Aujourd’hui, les diffuseurs de porno peuvent et doivent imposer aux producteurs de contenus X avec qui ils collaborent des conditions de tournage impeccables. Je propose depuis 2022 que Dorcel, Jacquie & Michel, Union, Canal + et consorts, se rassemblent et signent une charte commune. Les producteurs qui ne respecteraient pas cette charte en tous points ne pourraient être diffusés sur aucune de leurs plateformes.

Voici quelques idées de ce que cette charte des producteurs de X pourrait mentionner, que j’ai rassemblées en m’appuyant sur mon expérience d’actrice :

  • Je ne peux consentir à tourner une scène intime qu’après avoir rencontré mon/ma co-performer (ne serait-ce qu’en visio).

    Tout changement de partenaire de dernière minute, comme cela se fait trop souvent dans le X, est exclu : une rencontre sexuelle se prépare.

  • Le porno est une fiction sexuelle, et comme toute fiction, elle doit être scriptée avec précision.

    Je dois pouvoir lire dans un script quels gestes sont supposés être donnés et reçus dans ma scène.

  • Les discussions autour du consentement doivent être encadrées par un protocole.

    Utiliser des questionnaires, inspirés de ceux que l’on trouve dans le milieu du BDSM, permet d’aborder le consentement de façon précise et aussi exhaustive que possible. Quelles parties de mon corps est-ce que j’accepte de montrer à l’image, quelles protections contre les MST me permettent de me sentir safe, quels fluides biologiques sont OK sur ma peau, quid de la pénétration, avec quel vocabulaire suis-je à l’aise ?

  • Il est crucial que les performers puissent retirer leur consentement à tout moment

    par exemple, si leur condition physique ou psychique a changé (douleurs, anxiété…), ou encore si les conditions de tournage ne leur conviennent plus (équipe brusque, lieu peu sécurisant…). Et si la production les payait avant la scène, et non plus après ? Les performers pourraient interrompre le tournage au moindre malaise, sans arrière-pensée pour l’argent perdu, puisqu’il leur serait acquis.

  • J’ai commencé à collaborer avec une coordinatrice d’intimité sur mon dernier film.

    La coordinatrice d’intimité est une personne ressource pour les performers, qui sait précisément ce qui a été convenu et peut interrompre le tournage de la scène si elle a le moindre doute sur le bien-être d’un.e des participant.e.s. Elle est la gardienne des limites que les performers ont fixées. Je crois dur comme fer que ce poste est nécessaire, essentiel même, sur tous les tournages de X.

Sur ce que la pornographie donne à voir, idem, plutôt que de tenter de prohiber, encourageons une évolution positive. Cela aussi est possible et là dessus aussi Canal + a été pionnier en créant une charte qui indique par exemple que : « L’acte sexuel ne doit pas être effectué sous la contrainte. » On ne peut pas représenter de viol. Ou encore que « L’image de la femme ne doit pas être dégradée. » La formulation est vague et un peu ringarde, mais a le mérite d’exister.

Malgré tout des obstacles demeurent.

La plupart des personnes qui travaillent dans le X disent que le porno n’a certainement pas une mission éducative. Sa mission est d’être du divertissement pour adultes. Mais pourquoi est-ce que ce divertissement serait le seul à s’affranchir de toute morale ?

C’est un mot chargé, la morale, mais tout ce qui raconte une histoire a une morale : la morale de l’histoire. L’industrie du cinéma, le monde des arts vivants, la littérature… Aucun de ces domaines ne propose une production à 88 % violente, sexiste… Dans les blockbusters, la morale de l’histoire c’est que le gentil gagne, l’amour triomphe… Dans les séries, on réfléchit aux problèmes contemporains de la jeunesse, des communautés LGBT…

Et même si on dépeint des situations difficiles, au final, on essaie de faire passer des messages positifs qui vont dans le sens des droits humains. Pourquoi le porno s’affranchirait-il de cette ambition ?

Pourquoi ne pourrait-il pas avoir une ambition qui soit AUSSI éducative ? Puisqu’on SAIT que c’est sur les sites porno qu’on va naturellement pour chercher des informations sexuelles ?

Concrètement, je vous donne un exemple. J’ai réalisé un film qui montrait une orgie avec 9 performers. Avant la scène de sexe à proprement parler, j’ai mis en scène les conversations entre les performers sur leurs limites et leurs préférences. On en profitait pour voir deux personnes trans expliquer si il et elle étaient à l’aise ou pas avec la zone génitale. Car oui ! On apprenait aussi dans ce film qu’on peut avoir une sexualité non génitale, avoir un orgasme des mamelons par exemple, ou même du lobe de l’oreille. C’est aussi ce que me racontait un autre acteur, paraplégique, avec qui j’ai travaillé sur mon long métrage. Et j’ai intégré cette information dans le script de sa scène intime :)

Je suis convaincue que le porno a la responsabilité d’apporter des éléments d’éducation sexuelle positive aux adultes.

Je suis tout aussi convaincue, que l’éducation sexuelle des mineurs doit aborder le sujet de l’exposition au porno.

Et cela dès, le plus jeune âge… Parce qu’aussi inconfortable que ce soit, les chiffres sont là : l’âge moyen de la découverte du porno est descendu à 9 ans depuis la démocratisation du smartphone… Une fois sur deux, ce n’est pas une exposition volontaire, mais une exposition qu’on qualifie d’ « accidentelle »…  par exemple avec des pop ups dans des jeux vidéo…  ou alors une exposition non consentie, quand les copains ou la fratrie mettent des images porno sous le nez, sans demander.

Le Pr en pédopsychiatrie Philippe Duverger explique les conséquences de ces expositions trop précoces à des images sexuellement explicites… Je le cite :  « l’enfant se trouve dans une situation de sidération et parfois de fascination ». Il est dans « l’incompréhension et n’a pas la capacité de les décoder, de les analyser ». Il se trouve alors « au contact d’un réel qui n’a pas de sens pour lui »… Ce qui peut créer un véritable traumatisme.

« l’image reste gravée dans l’imaginaire de l’enfant » et peut provoquer des symptômes comme des troubles du sommeil, des modifications de comportement (une apathie ou au contraire une surexcitation générale).

Mais ce qui est important c’est là aussi de ne pas céder à une vision catastrophiste de la situation. Les pédopsychiatres établissent qu’un traumatisme, c’est la conséquence d’un événement qui ne parvient pas à être verbalisé, partagé.

La parole… L’échange… Ce sont les clés pour prévenir le trauma.

Voilà pourquoi il est primordial de parler de porno à tous les enfants d’une façon adaptée à leur âge. L’exposition à des contenus pornographiques est inévitable, « il faut ouvrir le dialogue en amont si possible, il faut les prévenir que certaines images peuvent être violentes, dérangeantes… »

Quand on est parent, ce n’est pas une conversation très aisée à avoir avec son enfant… Comme on n’a nous même pas eu de modèle de conversation avec nos parents sur le porno, on peut avoir des craintes, des défenses…

Charline Vermont, du compte Instagram Orgasme & moi, a publié un livre très bien fait sur le sujet. Il s’appelle Corps, amour et sexualité, les 120 questions que vos enfants vont vous poser. Elle y explique que les parents expriment un certain nombre de peurs à l’idée de parler sexualité avec leur enfant, dont la suivante : si on parle de sexualité à l'enfant, il ou elle va avoir envie d'essayer!

Pourtant, des dizaines d'études menées partout dans le monde montrent que plus les parents parlent de sexualité avec leur enfant...plus l'âge du premier rapport est tardif !

En réalité, plus on parle d'un sujet, moins les enfants sont tenté.es de le découvrir seul.e.s, à travers des conduites à risques.

Ces mêmes études montrent que plus les enfants/adolescent.e.s parlent de sexualité avec leurs parents, moins ils sont exposé.e.s aux IST, grossesses précoces (non désirées) et agressions sexuelles. Elle ajoute : « Le meilleur moyen pour éviter qu’un enfant ne recherche sciemment des informations sur Internet (Si'el tape «sexe » sur Internet, je vous laisse deviner sur quel genre de site iel va tomber...) est d'avoir des discussions saines et intelligentes avec votre enfant sur la sexualité. Cela vous positionne ainsi comme l'adulte de confiance, à qui l'enfant peut poser ses questions sur le sujet. »

Au-delà du rôle des parents : le rôle de l’école…

Les établissements scolaires ont en principe l’obligation d’organiser trois séances annuelles d’éducation à la vie affective et sexuelle. C’est très peu appliqué. À tel point que le 2 mars dernier, SOS Homophobie, le Planning familial et le Sidaction poursuivaient l’Etat pour le contraindre à respecter la mise en œuvre de ces séances…

On va être optimiste et imaginer que bientôt, la loi sera appliquée. Comment pourrait-on  profiter de ces séances d’éducation à la vie affective et sexuelle pour aborder le sujet du porno ?

Et bien tout simplement en ouvrant un espace d’échange. Qu’est-ce que ça fait de voir des corps très normés, des pratiques exagérées, quelles sont les questions sur la sexualité que ça fait émerger ?

Erika Lust a lancé un projet intitulé The Porn Conversation, réalisé en collaboration avec une éducatrice et une sexologue. Ensemble, elles proposent une éducation qui croise éducation à la sexualité et éducation aux médias.

On parle beaucoup d’éducation à la sexualité, et pas assez de l’éducation aux médias, qui me semble pourtant être une clé importante.

En tant qu’adultes on a tendance à prendre les choses de façon simpliste. On part du principe que les ados prennent la pornographie pour la réalité de ce qu’est le sexe. Alors qu’en fait, la plupart des ados a tout à fait conscience que ce sont des acteurs et actrices professionnels qui sont en train de performer. Ils ont compris que c’est du spectacle.

On pourrait leur apporter quelque chose de plus intéressant que « le vrai sexe, c’est pas comme dans le porno ». On pourrait éduquer sur ce qu’est l’économie de l’attention. Et leur apprendre à interroger ce à quoi ils et elles accordent leur attention. Je vous donne des exemples de questions :

Comment ce contenu a attiré mon attention ?
Par qui ce contenu est fait ? Dans quelles conditions, dans quel but, ce but est-il d’obtenir du profit, du pouvoir ?

Quelles sont les valeurs qui sont véhiculées par ce contenu, de quel point de vue sont crées ces images, quelle est la vision du monde que ces images reflètent ?

Qu’est-ce que ce contenu me fait ressentir… et qu’est-ce qu’il peut faire ressentir à d’autres personnes, différentes de moi ?

Si on l’applique au porno, l’éducation au média pourrait apprendre aux adultes comme aux ados à se poser ces questions :

  • Le porno que je regarde correspond-il à mes valeurs personnelles?

  • Est-ce qu’il représente mes désirs de façon positive pour moi et les autres personnes représentées ?

  • Quelles sont les catégories de porno qui m’intéressent habituellement ? Quels sont les messages qu’elles véhiculent?

  • Est-ce que les femmes sont plutôt actives ou est-ce qu’elle sont plutôt utilisées dans le porno que je regarde ?

  • Est-ce que ce porno comporte des stéréotypes de genre, de classe, de race ?

Et puis en invitant maintenant des notions d’éducation sexuelle, voici quelques autres questions que l’on peut apprendre à se poser ;

  • Est-ce que le consentement et la communication entre partenaires sont représentées que ce soit dans un making of ou dans le rapport filmé ?

  • Est-ce que le sexe doit vraiment inclure une pénétration et un orgasme pour être du sexe ?

  • Est-ce qu’un corps doit correspondre à des standards fermé pour être digne de plaisir et d’amour ?

En attendant que ces conversations soient possibles aussi bien en famille qu’à l’école, je pense qu’il faut encourager beaucoup plus proactivement les initiatives d’éducation sexuelle positive.

Par exemple, celle de Camille Aumont-Carnel du compte Instagram Jem’enbatsleclito qui a sorti un livre : AdoSexo. Dedans, elle consacre tout un chapitre au porno, et liste avec humour 11 pratiques « complètement banales dans le porno mainstream et complètement no way dans la vraie vie » comme le crachat à tout va, la bifle qui est selon elle zéro excitante et complètement ridicule, le fait qu’on voie + de sodomies que de baisers, même entre hétéros…

Pourquoi ne pas proposer à des personnes comme Charline Vermont ou Camille Aumont-Carnel de réaliser une série, ou un podcast, ou un manuel scolaire, adapté à chaque tranche d’âge… pourquoi ne pas les diffuser chaque année dans les établissements scolaires ?

Et puis, il faut aussi encourager la création de contenus sexuellement explicites éducatifs, artistiques, féministes…

…comme la Suède l’a fait en appuyant financièrement le travail de la réalisatrice Mia Engberg. En France, quand on réalise un contenu avec du sexe non simulé, quelles que soient nos ambitions et nos valeurs, on ne peut pas s’inscrire dans un parcours de cinéaste traditionnel on ne peut pas demander des bourses d’aide à la création au CNC, le soutien de la région etc.

Pourtant, il y a toute une culture du consentement à déployer à l’image. Je rêve de films dans lesquels on substituerait au fantasme de posséder quelqu’un, ou d’être possédé.e, le fantasme de comprendre son corps…

Des films dans lesquels le désir serait vécu comme une curiosité intense, une envie dévorante de savoir ce qui fait du bien à cette autre personne…

…Bref des films pornos ou « traditionnels » qui, enfin, érotiseraient l’égalité, pour reprendre la jolie expression de la féministe américaine Gloria Steinem !


* J. Briere, S. Corne, M. Runtz et N. Malamuth (1984) ; N. M. Malamuth et J. Check (1985) ; N. M. Malamuth (1986) ; J. Check (1996) ; L. F. Fitzgerald, F. Drasgow, C. L. Hulin, M. J. Gelfand et V. J. Magley (1997) ; Dine et al. (1998) ; G. M. Hald, N. M. Malamuth et C. Yuen (2000) ; D. A. Kingston, N. M. Malamuth, P. Fedoroff et W. L. Marshall (2009) ; G. M. Hald, N. M. Malamuth et C. Yuen (2010) ; Seto et al. (2010) ; D’Abreu et Krahe (2014) ; P. J. Wright, R. S. Tokunaga et A. Kraus (2015) ; W. L. Rostad, D. Gittins-Stone, C. Huntington, C. J. Rizzo, D. Pearlman et L. Orchowski (2019) cités par We are Lovers


** Concept de formasturbatory catharsis » : W. A. Fisher et G. Grenier (1994) ; C. J. Ferguson et R. D. Hartley (2009) ; M. Diamond, E. Jozifkova et P. Weiss (2011) cités par We are Lovers


*** D. Linz et N. M. Malamuth (1993) ; W. A. Fisher et G. Grenier (1994) ; N. M. Malamuth et E. V. Pitpitan (2007) ; Samantha Martocci, « Examining the Relationship Between Pornography Consumption and Rape Myth Acceptance Among Undergraduate Students », University of Maryland, College Park, 2019 ; S. Gabe Hatch, Charlotte R. Esplin, Sean C. Aaron, Krista K. Dowdle, Frank D. Fincham, H. Dorian Hatch, Scott R. Braithwaite, « Does pornography consumption lead to intimate partner violence perpetration? Little evidence for temporal precedence », The Canadian Journal of Human Sexuality, Vol. 29, pp. 289–296, 2020 cités par We are Lovers


**** N. M. Malamuth et J. Ceniti (1986) : la consommation de pornographie inspirerait des comportements plus agressifs immédiatement après, mais ces effets se dissiperaient par la suite, je cite : We Are Lovers


***** N. M. Malamuth (2018) indique que la pornographie en elle-même n’est pas susceptible de pousser les gens à commettre des agressions sexuelles, mais en combinaison avec d’autres facteurs de risque, l’exposition à certains types de pornographie (pornographie adulte ou enfantine non consentante) peut augmenter le risque de résultats agressifs. Dans certains cas, N. M. Malamuth affirme que la pornographie peut en fait fonctionner comme un « point de basculement » et amener une personne à risque qui n’agirait peut-être pas de manière agressive à commettre effectivement un délit sexuel agressif. Je cite : We Are Lovers

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